dimanche 28 août 2011

Joseph Macé Scarron, la littérature, le plagiat

Joseph Macé-Scaron est en train de se faire bourrer la gueule -médiatiquement s'entend- à l'occasion de son dernier roman, Ticket d'entrée. Pris la main dans le pot de confiotte (facile) il a reconnu des "emprunts" à Bill Bryson ; j'ai également souvenir que dans son premier romain -Trébizonde avant l'oubli- il avait pillé Ernst Junger pour y décrire un éxécution capitale.

Oh, il n'est pas antipathique Macé-Scarron. il est dans le système, dans la bien pensance. C'est un chien de garde de l'establishment littéraire. Plagiaire ? Ah oui, mais pas plus que la pelletée de scribouillards qui se font imprimer tous les ans.
Un entretien de Céline me revient en mémoire : Sur le fait de savoir quels écrivains il sentait les plus proches de lui et ceux qui lui paraissaient être aux antipodes, Ferdine répondit ce qui suit.

Des écrivains…ne m’intéressent que les gens qui ont un style ; s’ils n’ont pas de style, ils ne m’intéressent pas ; alors, les histoires…il y en a plein la rue n’est-ce pas, j’en vois plein partout des histoires ! Plein les commissariats, plein les correctionnelles, plein votre vie…tout le monde a une histoire n’est-ce pas et mille histoires...il y en a une clinique*! C’est rare un style Monsieur ! Un style il y en a un, deux, trois par génération et il y a des milliers d’écrivains ce sont des pauvres cafouilleux, des aptères** n’est-ce pas…ils rampent dans les phrases, ils répètent ce que l’autre a dit ou ils choisissent une histoire…ils prennent une bonne histoire puis ils disent : « je vois que etc. » ; c’est pas intéressant. […] N’oubliez pas une chose, c’est que la vraie inspiratrice c’est la mort. Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n’avez rien. Il faut payer. Ce qui est fait gratuit sent le gratuit ; et pue le gratuit. A l’heure actuelle, je n’ai que des écrivains gratuits ; qu’est ce qu’on me montre ? C’est des gratuités.

Fermez le ban !

*. Ensemble des données obtenues par l'observation directe des malades.
**. Famille d’insectes dépourvus d’ailes.

mardi 2 août 2011

L-F Céline et le style

Dix jours que je me choute à la cortisone ; une bacchanale ! Du coup, j’ai les bronches toutes propres, neuves, nickel ; brillantes comme le fond de ta casserole préférée. D’habitude elles sont un peu encombrées mes bronches ; salement. On parlait de casserole : imagine ta casserole de célibataire avec ton frichti à réchauffer dedans. Une copine te hèle au téléphone et le bon frichti qui sèche, qui fume, crame et colle ; frichti qui semble faire corps avec le métal. Mes bronches c’est pareil : nid à cochonneries diverses de toute couleur – les plus répugnantes s’entend – et de toute nature : glatard fluide, épais, bi-composant ; un florilège de mollards ! Avec en prime les bruits qui vont avec : whistle qu’ils disent ; que je te sorte ma méthode Assimil : Sifflet en français dans le texte. Oui, ça siffle, du haut en bas, petite musique de tuyaux. Une radio de temps en temps : « whistle, whistle » qu’il dit le bon docteur. Faut passer ça à la radio que le sifflet cache pas une petite araignée bien discrète, bien salope qui ferait son trou là dedans en douce et tisserait sa toile. Et ça tombe bien, les toiles, les voiles on les traque à la radio ; pas que ce soit le patient qui lui, les mette les voiles !

Chef de service, directeurs, DRH ça m’a jamais fait pétocher. Oh non ! N’en valent pas la peine. Endoffés, tous gonflés d’eux-mêmes : ça y est, le premier qui t’attrape le plus minuscule galon venu, faut qu’il t’explique la vie, Wall-street, the Wall, la houle, la foule, les filles, le fric et tout y passe. Responsable ; le mec est responsable ! Et là t’y coupes plus de ses infaillibilités, de ses formules coulées dans le bronze et de ses trois neurones chauffés à blanc. Ça m’a toujours laissé froid ; toujours rigolard. C’est pas bien grave, faut les laisser déconner ; de là à les écouter c’est autre chose. En revanche, quand je me rhabille dans le local à radio et que je l’attends le radiologue pour qu’il me le donne son résultat – araignée ou pas – eh bien là, j’en mène moins large ; c’est moi qui le passe l’examen ; reçu ? collé ? collé ? reçu ?

Reçu !

Pour tout dire, la cortisone c’est pas pour les bronches ; non. Pour les sinus ; une autre saloperie, faite également de morves de toutes les couleurs et toutes les consistances. Une usine à miasmes je suis ! Un crachat géant ! Monsieur Mollard. Justement, en ce moment, après dix jours de choute intensive, plus de morve, rien : Toutes les subtilités oubliées qui me reviennent : l’herbe coupée, la saveur de l’œuf à la coque, la puanteur du port ou la sauvagerie du goémon à marée haute.

Enfin, je ne t’ai pas invité pour te parler de mes miasmes ! J’avais deux mots à te dire à propos de Céline. Oui. Je sais, je suis entêté. Quand ils m’ont fait le coup du 21 Janvier (en plus c’est la mort de Louis XVI) je me suis bien juré qu’on allait en bouffer du Céline autour du 1er Juillet. Je t’ai trop peu évoqué le style de Céline. Alors, allons-y.

L’idée de Céline c’était de faire entrer le langage parlé dans la littérature, d’adopter un vocabulaire et des formes grammaticales nouvelles, issues directement du langage populaire. L’idée de Céline était également de péter le système « sujet, verbe, complément » propre au Français –et à l’allemand si je ne Mabouze –. Céline te malaxe une phrase et ne t’en prend que l’essentiel, soit pour décrire soit pour susciter l’émotion. Peu de « sujet-verbe-complément » ; Céline supprime tout ce qui n’est pas important dans les phrases. En fait il supprime le style habillé. Le français qui fait qu’un roman ressemble parfois à un texte de loi et réciproquement. En plus de tout cela, Céline aime la chanson populaire. Il aime le rythme et son propos est de rythmer son écriture. Tu ne lis pas du Céline à plat, peinard dans ton fauteuil. Tu es obligé de l’interpréter, d’y mettre le ton pour toi-même, de te le jouer, de respirer au rythme de l’écriture et de la ponctuation. Ah oui, c’est quelque chose : C’est vivant. Voilà. Lui-même a dit qu’il voulait faire quelque chose de jazzé, de syncopé. Voilà, c’est ça. Pour reprendre la comparaison qu’il nous propose, on peut dire que son premier roman en 1932 est d’un style très grand orchestre, genre Ellington et qu’après la guerre il part vers le be bop, le free jazz, voire même l’acid jazz. C’est la meilleure comparaison que je te puisse trouver, ami lecteur.

Le style, le style : Je m’y suis mis aussi il y longtemps ; opiniâtre, entêté ; comme la mer j’y revenais tout les jours, plusieurs fois par jour. Les points de suspension de Céline. Oui. Dix-sept, dix neuf ans. Le soir j’étais certain d’avoir écrit l’originalité et le matin j’étais accablé par tant de lourdeur. J’ai fermé ma boutique avant de l’ouvrir. Chateaubriand ou rien ; Marce lévy, sûrement pas !

Comme il convient de rendre à César quae caesari sunt, il faut que j’ai la rigueur de te dire que cette comparaison sur le jazz c’est Ferdine lui-même qui l’a inventée mais que récemment c’est Alain Soral qui l’a reprise pour illustrer son propos au cours d’un interviouve. Comme je gagne pas un rond avec ce blog, je vois pas pourquoi j’irai faucher l’idée d’un autre si en plus c’est même pas pour du pognon. Alain Soral tu le trouveras sur la toile : Egalité et réconciliation. Dès qu’il y a un mec qui pue un peu le louche il est pour moi. Pas grave.

A l’attention de mes quelques potes et amis habitués du blog : Commencez plutôt par « Voyage au bout de la nuit » ; pas se lancer dans le free tout de suite. Commencer par les big-bands. Bises à tous, ainsi qu’à Soral.