lundi 21 février 2011

Soutien à Boris BOILLON notre nouvel ambassadeur !

Soutenir Boris Boillon ? Oui, bien sûr et d'abord par principe : Dans une entreprise comme dans les services d'un état, on ne saurait se déjuger ni désavouer un cadre, eût-il commis une bourde. C'est la règle ; on ne saurait revenir sur des nominations sous prétexte d'agitations plus ou moins exemptes d'arrière pensées. On ne remet pas en cause la nomination d'un ambassadeur parce que des journalistes sont froissés -les pauvres- tout comme on n'a jamais remplacé un chef de service sous prétexte que ses subordonnées n'aiment pas la couleur de ses costumes. Cette règle n'exclut pas, bien sûr, ni la possibilité de lui "expliquer le poste" ni celle de faire comprendre qu'il a déjà joué un Joker et qu'un jeu de cartes ne saurait en compter un nombre infini... Ces précautions étant prises, on peut souhaiter nos vœux de réussite à Mr Boillon.

Ce préalable étant posé, j'émets quelques réserves quant au franc parler de Mr Boillon : le ton et le vocabulaire que l'on peut utiliser entre collègues ou entre copains n'est peut être pas le meilleur lorsqu'il s'agit de représenter un pays. On préfèrerait plus de mesure et plus de distance, plus de subtilité de langage également : La grandeur à besoin de recul et la familiarité n'est ni un outil de management ni encore moyen un vecteur de relations internationales.

Né juste après 1968, Boris Boillon est représentatif d'un establishment français nourri plutôt qu'élevé et instruit plutôt qu'éduqué. Il est en cela représentatif d'une époque et d'une France qui, ayant pris l'habitude de couper la tête de ses rois, jette tous les vingt ans ses règles sociales aux orties pour s'en inventer de nouvelles que l'on remplacera demain. Ce parler direct, brutal est un mode d'expression courant en France dans les administrations comme dans les entreprises : Les journalistes tunisiens poussent des cris d'orfraie tandis que les Français de gavent d'antidépresseurs pour supporter l'arrogance coléreuse de ses chefs d'entreprises, directeurs et autres managers. Il fut une époque où le mode de vie français était réputé courtois ; Qu'on se le dise à l'étranger : Ces temps sont révolus. La France est peu à peu devenue un pays sans règles : A force d'entendre fustiger la bourgeoisie et l'éducation bourgeoise, l'establishment a pris des manières de braqueurs de banques ; c'est tout compte fait assez logique si l'on songe à nos traiders et dès lors on ne saurait s'étonner que les grands dealers de nos cités prennent, eux, des habitudes de hobereaux.

Pour autant on ne saurait brailler avec la meute des journalistes tunisiens. On n'a pas, que je sache, assisté au développement d'un tel buzz, suite à l'assassinat des chrétiens d'Irak ou d'Egypte ou de ceux du Kosovo. On peut ici vraiment le dire : il n'y a pas mort d'homme dans cette affaire ! Ce d'autant que les arguments employés par les contempteurs de Mr Boillon ressemblent à la soupe mondialiste et repentante que "Libération" nous sert chaque soir. Finalement le véritable échec du colonialisme est de n'avoir su transmettre que nos défauts. Devons-nous se consoler en considérant cette rage critique, ombrageuse, et sourcilleuse d'une partie de l'intelligentsia tunisienne comme l'empreinte indélébile de la francophonie ?! Sachons au contraire en tirer les enseignements : La Tunisie comme le reste de l'Afrique n'a vraiment nul besoin de la France. Nous n'avons finalement qu'un seul besoin désormais : nous oublier réciproquement. Contentons-nous de faire du commerce ensemble, cela sera bien suffisant. Et de grâce qu'on ne me parle pas de culture !
Que la Tunisie se mette à l'anglais, que monsieur l'ambassadeur récite du Saint John Perse en parcourant les ruines de Carthage et nous serons vraiment au XXIe siècle.