mercredi 15 juin 2011

Louis-Ferdinand Céline, inspirateur du socialisme français ?

Les emmerdements, je le cherche ; je les débusque ; je les provoque. Tiens, pas plus tard que la semaine dernière, je traine dans une foire à la brocante, je feuillette des bouquins et...stupeur, je retourne un bouquin de Lucien Rebatet : Les Décombres ; paru en 1942. Tu imagines le topo lecteur subtil ? La mauvaise lecture ; l'auteur qui sent l'opprobre, la honte, la dégradation, le droit de vote enfermé pour l'éternité dans un bocal à cornichons.

Les Décombres ? je m'en souviens. Quand j'étais un écolier qui s'habillait d'un rien d'acné, ça s'étripait ferme chez Pivot, entre les tenants de la publication et les autres, les partisans d'une juste et éternelle mise à l'index. En 72 ou 73, je ne me souviens plus quel éditeur, amateur de sensations fortes et de bonnes ventes, avait relancé -après plus de 25 ans de silence- ce grand succès de librairie de l'occupation, Les décombres. Quand je dis "relancé", je pèse mes maux -et Dieu sait que j'en ai- car l'éditeur avait pratiqué avec l'accord de Rebatet, des coupes sévères, façon Kommando, dans le livre. Et avec prudence, afin que le lecteur ne s'enduise pas en erreur tout seul, pensant acheter un ouvrage sur les tremblements de terre, l'éditeur avait fait ajouter en sous-titre :"Mémoires d'un fasciste". Notes bien que c'était peut-être également pour protéger ses arrières car le premier éditeur du livre fut assassiné en 1945 par un groupe de justiciers anonymes ; c'était Robert Denoel.

Fasciste Rebatet ? A la vache ! Avec lui, c'est du lourd comme on dit dans ma banlieue (poil aux yeux). Ah le Rebatet ! On sent bien à la lecture de l'ouvrage que le mec n'est pas là pour cueillir des pommes ou humer le vent du large. Un style ? Oui, un style et c'est ça qui fait l'auteur le style ! Mais hélas un style régulièrement gâté par des égarements dans un antisémitisme pesant, une exécration de l'église, de la bourgeoisie, du peuple -il parle d'une façon désuete des femmes en cheveux, comme avant la guerre 14- de la société en général. Seul le fascisme orthodoxe d'Hitler trouve grâce à ses jugements. Maurras ? Un mou ! C'est dire ; seul Robert Brasillach (douze balles à la Libération ; un sacré diplôme !) à droit aux honneurs du livre. Mis à part ces réserves, le style est alerte, précis, vachard ; quant au fond, ce bouquin est un précieux témoignage car il s'agit d'une pertinente analyse à chaud de la défaite de la France : D'intérêssantes questions sont posées ; au lecteur, homme libre, d'écrire la suite dans sa tête et de contruire sa vérité.  Je vous prescrit avec ça une pommade pour les chagrins d'amour ainsi qu'une tisane pour le sommeil léger et un bouquin de Marc Bloch "Une étrange défaite" qui analyse le même sujet avec ses yeux d'universitaire et sa tête de radical-socialiste.

Alors une analyse les Décombres ? Oui et bien plus : Une grande fresque passionnée jusqu'à la folie ; comme un gâteau trop sucré qui finit par te porter au cœur tant la philippique que l’on croirait éteinte à tel chapitre ne cesse de renaitre comme le feu sous la cendre jusqu’à la fin du livre. En revanche, c’est aujourd’hui un précieux outil pour comprendre une partie de la société française d’alors.

Fier de mon achat (deux euros -je sais c’est pas juste-) je parcours le bouquin depuis quelques jours. Vas savoir pourquoi, l’idée d’aller à la pêche sur internet me vient : Je voulais lire comment on juge aujourd’hui le personnage et le bouquin. Eh bien Les Décombres sont en téléchargement ; si. Remarques si tu veux le commander à la FNAC, je te souhaite du plaisir. Piqué par la curiosité, je lance une recherche sur « Les beaux draps » de Céline. Pour ton instruction, au cas où tu aurais loupé la classe les jours de grand soleil, Les beaux draps est un ouvrage polémique mêlant fascisme, anarchisme et antisémitisme. Paru pendant l’Occupe, ce bouquin a la forte odeur des fagots et n’a jamais été édité depuis et ce, à la demande de Céline lui-même.
Eh bien crois-moi ou non, Les beaux draps peuvent se télécharger sur internet ; je me suis donc empressé de le faire car je n’ai jamais pu en lire une traitre ligne. Je me précipite comme un affamé sur le livre et tu sais sur quoi je tombe ? Sur ceci : « S’il m’est permis de risquer un mot d’expérience, sur le tas, et puis comme médecin, des années, un peu partout sous les latitudes, il me semble à tout bien peser que 35 heures c’est un maximum par bonhomme et par semaine au tarabustage des usines, sans tourner complètement bourrique ».

Je te laisse à tes réflexions ; je m’en vais y penser aussi. Bonne nuit les petits et n’oubliez pas : Trente cinq heures, c'est le docteur Destouches qui le dit.

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