mardi 5 juillet 2011

La parole est à Ferdine

Je suis par hasard tombé -sans me faire mal- sur une très courte composition de Céline. Il s'agit de la préface d'un petit livre que l'histoire a oublié et dont l'auteur avait sollicité le docteur Destouches afin qu'il le préfaçât.

Voilà, c'est un beau poème en prose, tout en retenue, beau comme un pavé de cour d'usine.



Pauvre banlieue parisienne,

paillasson devant la ville où chacun s’essuie les pieds,

crache un bon coup,

passe,

qui songe à elle?

Personne.

Abrutie d’usines,

gavée d’épandages,

dépecée, en loques,

ce n’est plus qu’une terre sans âme,

un camp de travail maudit

où le sommeil est inutile,

la peine perdue,

terne la souffrance.

« Paris, capitale de la France! »

Quelle chanson!

Quelle publicité!

La banlieue tour autour qui crève,

qui s’en soucie?

Personne, bien-sûr!

Elle est vilaine, voilà tout!

Banlieue de hargne vaguement mijotante

d’une espèce de révolution

que personne ne pousse ni n’achève,

malade à mourir toujours et ne mourant pas.




 
 

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