lundi 30 août 2010

Si c'était grave il y a longtemps qu'on aurait fait quelque chose

Bam ! ba da ba da ba da baaaamm !

Ça y est ! Nous y sommes ; c’est tombé. La nouvelle encore chaude est sortie du fournil de l’Agence France Presse : Notre sympathique camarade de jeux, Zoé Shepard – Aurélie Boullet – est fixée sur son sort.

C’est pourquoi, la Société en commandite par mauvaises actions « Figaro » n’hésite pas à bouleverser ses programmes pour que vous n’en n’ignoriez rien. Aussi évoquerons nous ultérieurement l’excellent ouvrage de ce concentré de réaction ultra-droitière : Mon ami Eric Zemmour. Cela fait au moins quatre mois que le bouquin a quitté les presses et au moins trois mois que les polémiques qui l’empaquetaient comme un vénéneux bolduc ont quitté les poubelles de l’oubli médiatique pour la déchetterie des polémiques périmées ! Moi qui voulais vous en parler dans la sérénité…nous serons servis ! Repoussons encore ceci à demain…nous gagnerons en encore plus en sérénité.

Alors Zoé dans tout cela ? Je ne saurai prolonger la torture : « Dix dans ta gueule bleu-bite ! » ; C’est ainsi qu’on aurait résumé cela dans ma caserne. On aurait également pu ajouter : « La Baise a encore frappé », voire « la Baise a encore fépra » ou « la zeb a encore fépra » ; cette dernière locution figurant une sorte d’aboutissement, de Mont-Blanc verbal pour un appelé des années 80. Le lecteur attentif notera que la Baise porte un « B » majuscule ; car la baise (cousine de la Malmoule) c’est plus qu’un concept, c’est une entité, un être, une sorte d’hydre aux mille bras qui saisit l’infortuné pour l’entrainer dans les abysses puantes du malheur. Beurk… Ah, la saloperie !

La Zeb a gratifié Zoé de dix mois de suspension (hydropneumatique à correction d’assiette au beurre) dont six mois avec sourcils. On imagine les surcis froncés de notre malmoulée Zoé ! C’est Alain Rousset, président du conseil régional d’Aquitaine qui est l’auteur de cette « décision équilibrée » ainsi que la qualifie cette vénérable et socialiste institution. Zoé annonce par ailleurs qu’elle fera appel de cette décision. On se souviendra utilement que le conseil de discipline de la dite institution avait proposé le 1er juillet une exclusion de la fonction publique territoriale pendant deux ans et sans rémunération.

Brave Alain Rousset ! Sûr que si le bouquin s’était vendu à 40 exemplaires au lieu de 40000, la miss Zoé prenait un bourrepif façon Fernand qui l’aurait guérie (ainsi que son livret de caisse d’épargne) de l’ouvrir à torr – Emmène moi buller ce soir – et à travers. J’aurai pu dire : « l’ouvrir pour un badaoui ou pour un badanon » mais je vous la ressortirai dans un contexte plus adapté. Avec 40000 livres vendus (ce qui correspond, j’imagine, à au moins 60000 lecteurs-citoyens gondolés de rire à la lecture de cet élégant brûlot) il est un peu délicat de tuer – au moins professionnellement – celle par qui le scandale est arrivé. Pour autant il fallait qu’Alain Rousset se montre solidaire des lavedus salariés de sa collectivité. Lesquels lavedus n’ont pas manqué de bramer depuis trois mois ! J’imagine également les syndicalistes locaux ! C’est pourquoi notre Zoé s’appuie quatre mois sans sale air, quatre mois qui ne compteront pas non plus dans son avancement.

Nonobstant cette condamnation, les carottes sont cuites pour Zoé qui devait intégrer une chambre régionale des comptes et n’a, depuis, plus de nouvelles. Dernière étape de la peine : Zoé devra réintégrer le conseil régional d’Aquitaine dans quatre mois ! Ce sont ses ex-toujours collègues qui vont être contents !
La sagesse et la vérité
Vous me direz qu’écrire pis que pendre de son employeur est une activité risquée…Que Zoé connaissait ces risques…Que son style était reconnaissable par ses copains-copines d’études...Que la diffusion de sa voix par Europe 1 (braves gens !) a définitivement compromis l’anonymat. J’aurai dû la représenter ; comme Emile Ajar. On aurait eu le temps de se connaitre, j’aurai eu le temps d’avoir des ouvertures et non seulement Zoé aurait eu le bonheur de se faire artiller par un Attila du madrigal (c’est moi Atilla) mais encore elle serait, à l’heure actuelle, peinarde dans une chambre régionale des comptes à faire chier des dépenseurs de deniers publics. A quoi tient le bonheur, à quoi tient la malmoule !

Notons au passage que nul n’était nommé dans le bouquin, qu’il n’était fait aucune référence à la collectivité et que ce sont les collègues, seuls, qui se sont reconnus ! Ah les cancrelats : Un bouquin décrit une clique de fainiassons anonymes et une bande de couillons lève le doigt pour dire : « c’est nous ! ». Ah les épées !

Cette affaire m’a permis de jouer au jeu du « comment on traite l’information ». Raccroche pas de suite, lecteur pressé !

Libération titre : « Sanction réduite pour la fonctionnaire auteure de Absolument dé-bor-dée ». Le Figaro s’exclame : « Une haut fonctionnaire exclue 4 mois ». J’en conclus que Zoé, selon Libé, peut se considérer comme heureuse. Normal : Le Conseil régional d’aquitaine est aux mains du P.S. Je n’ose à peine imaginer les cris d’orfraie poussés par le même canard si cette affaire avait concerné le conseil régional d’Alsace. Quant au Figaro, on montre d’abord qu’on sait compter et faire les soustractions entre dix mois dont six avec sursis ; puis on sous entend le caractère scandaleux de l'affaire en  juxtaposant « haut fonctionnaire » avec « exclue » ; comme une manchette de détective, du genre « Inscrite dans un speed dating elle se fait enculer le premier soir ».

‘Faut jamais idéaliser son job ; ‘faut jamais trop en attendre ; ‘faut jamais non plus parier sur l’intelligence de ses collègues ni a fortiori de ses hiérarchies. La seule chose que n’avait pas potassé Zoé c’est l’excellent opuscule que j’ai écrit et laissé à l’état de torche-cul : Le principe de la gravité relative. La formule maîtresse de ce principe pose que « si c’était grave, il y a longtemps qu’on aurait fait quelque chose ». Une des chapitres montre que la règle qui guide les recrutements, maintient les situations, assure les promotions et les gratifications, c’est la règle de la conformité. Un exemple : Ce collaborateur est une truffe accomplie mais, il ne contredit jamais la parole officielle, sa sémantique est celle de son hiérarchique donc il est digne de progresser dans l’Organisation. Qu’importe qu’il travaille bien ou mal ; et même mal travailler devient une qualité. Eh oui, si en bossant comme un con cet individu arrive à se maintenir c’est qu’il vend son incompétence et l’inscrit dans la conformité de l’organisation. Quant au boulot…le Boulot ; the biznesse. Par qui est il fait ? Par ceux qui savent le faire. Pigé ? Et l’Organisation ne va quand même pas s’emparer des types qui bossent pour les promouvoir ; sinon qui ferait le taf ? qui irait au chagrin ? Les incompétents peuvent donc rester en place tranquilles car la probabilité qu’ils puissent se faire dégager est inversement proportionnelle aux désavantages qu’il y aurait à s’en séparer ; pourquoi ? L’incompétent est avant tout un être conforme. Voilà ce qu’aurait dû savoir Zoé. Si c’était grave que des cloches fassent leur nid dans le douillet frometon de la fonction publique il y a longtemps qu’on aurait fait quelque chose…

Affectueux baisers Zoé !

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