lundi 14 mars 2011

L’UMPS, simple effet de manche des Le Pen ?

Eh bien désormais, je ne suis plus tout à fait aussi sûr de moi et de la certitude qu'il n s'agisse que d'un effet de manche. Dimanche matin, je décidai d’accompagner ma compagne en ville ; ainsi s’expriment tous ceux qui finalement furent, sont et seront provinciaux au plus profond d’eux-mêmes ; et quoi de plus profond que le langage ?

Chemin faisant, j’aperçois de maigres grappes de passants devisant au loin sur les trottoirs. Parvenu en centre-ville (et encore, je ne t’ai pas écrit «...parvenu au bourg ») je compris la nature de ces attroupements : il s’agissait de chair à urne, c'est-à-dire de braves militants qui se tapent le lancer de tract urbain. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me rendis compte que les hyènes chassaient en meute : Les tracteurs UMP et PS main dans la main, devisaient benoitement, sur la pluie et le beau temps, accrochant de conserve le chaland, tels l’escorteur et l’aviso ! Ah la belle association de malfaiteurs ! Asinus asinam frecat me plais-je à dire ! Oui, l’âne fréquente l’ânesse. Incrédule, afin de vérifier que le lapin et la carpe ne sont pas aussi proches que l’arbre et l’écorce, je fis trainer mon ouïe mal intentionnée afin de saisir les détails de leur conversation. Ces gueux papotaient entre amis, échangeant leurs vues sur la vidéo surveillance. Si je choisis le verbe « échanger » c’est à dessein car les militants PS étaient d’accord avec les militants UMP. Formidable ! Quand je pense qu’il en est pour dire que les Français sont divisés ! Eh bien ils étaient d’accord ! Oui, tu as bien lu : D’accord entre eux ; c'était le consensus, le vrai, le beau, l’indiscutable. Quand tu as vu et entendu cela, tu es plus fier de ta carte d’électeur que de tes cartes Michelin. Cela fait très mal au cul mais l'UMPS, c'est tellement vrai.

Quelques mètres plus loin, une immense affiche publicitaire couvrant le kiosque à journaux s’offrit à ma vue : Marianne ; une grande manchette : La double tragédie. Le passant prend connaissance du « séisme Marine Le Pen (qui) menace d’écroulement la droite et la gauche » grâce à la légende écrite en plus petits caractères. Enfin, trois « bullets » façon Powerpoint nous apprennent que c’est la panique chez les sarkozystes et l’inconscience au PS, que le choix se résume à un suicide ou à des convergences républicaines et qu’enfin il existe des hauts fonctionnaires qui sont au service du Front national… Mazette.
On craint que Marianne n’ait, dans un élan bien légitime pour informer son lectorat, confondu les évènements : C’est au Japon qu’ont eu lieu les séismes. Le Japon a même eu droit au raz de marée ; toujours des précurseurs les Japonais...En France nous n’avons eu que des mauvais sondages ; ou des mauvais sondés, ou des mauvaises questions, c’est au choix. D’ailleurs certains ne veulent même plus de sondages : Plus de nouvelles, donc plus de mauvaises nouvelles ; le sondage ennemi du sondage. La démocratie ne s’exprime pas comme on le voudrait : allez hop, plus de démocratie ; demande un peu aux Irlandais pour voir.

Ici, chez Figaro, on entrevoit pas du tout, mais pas du tout les choses ainsi. Tiens, le séisme....pas perdu pour tout le monde, le séisme. Et pourquoi donc Figaro ? Oh, pour une simple raison. En imaginant que Marine le Pen soit présente au second tour, que crois tu qu’il se passerait ? mm… ? Conditionnés par un an et des décennies de pilonnage, les bonnets phrygiens et les sans culotte, qu’ils soient de la Gironde, de la Montagne, du Marais ou bien encore des Feuillants s’en iront tous glisser dans l’urne sacrée le bon bulletin qui ne sera pas un bulletin le Pen. Dès lors, celui ou celle qui sera présent au second tour contre Le Pen sera élu dans un fauteuil avec un résultat de république bananière. Finalement, le second tour, c’est comme l’X, les Ponts ou l’ESSEC : Le plus dur c’est d’y entrer car après tu ne peux qu’en sortir vainqueur. De facto la bonne stratégie consistera à laminer ses petits copains afin de faire ou premier ou second avec Marine et après c’est du gâteau ! Evidemment, le plus dur c’est de faire premier ou second mais après, adieu la crainte des mauvais reports de voix : on ne peut plus qu’être élu. La classe. Donc un séisme ? Oui, pour le candidat de « Pêche-à-la-ligne, pique-nique et tiercé » ou celui de « Protection des pécaris du Jurançon » qui ne manqueront pas d’être laminés par le vote utile, le bon vote utile qui permettra au bon élu de faire premier ou second avec la vilaine Tatie Marine. Ah, ça…ça ne va pas arranger les affaires de Nicolas Hulot, l’explorateur des scrutins en terre extrême ! Pourtant, en amoureux de la nature il sait que c’est commode un épouvantail ! Ca détourne les oiseaux de l’arbre ; et le jardinier (Nicolas, justement) peut bouffer ses cerises. Aussi, l’écroulement de la droite et de la gauche… ce sont des contes de Marianne ; l’un des deux s’écroulera, oui. Mais pas les deux. L’idéal aurait été de cuisiner sa soupe entre soi, sans la vilaine Tatie. Bon ; c’est jusque une question d’arithmétique : Les élections vont se gagner à la relative et non à la majoritaire : En effet, il suffit d’entasser le plus grand nombre de suffrages au premier tour et après c’est torché. ‘Peuvent donc se rhabiller les Trotskystes, les Trotsko-écologistes, les enculeurs de mouches tsé-tsé façon Taubira ou Dupont-Aignant, les Royalistes constitutionnels de mes deux et toute l’armada des gugusses à moins de 5% le blaud !!! C’est au premier tour que ça se gagne, ce qui semblerait bien profiter à…la gauche qui ne peut que se réjouir des lepenneries et même les encourager : ça leur fera souvenir de Mitterrand aux militants du PS, lesquels ne sont pas si inconscients que cela !!! Marianne ! Quelle usine à tartuffes ! Certes quelques uns à gauche pleurnichent par anticipation en pensant à Jospin et à la mésaventure de 2002. Je leur répondrai d’abord de sortir leur mouchoir, puis de se servir de leur tête et enfin de convenir qu’il faut être con à mâcher du foin pour se présenter à des présidentielles en trainant toutes les casseroles d’un premier ministre en exercice.

Ce que j’apprécie le plus dans la presse bien pensante, qu’il s’agisse de Télérama (par ailleurs composé d’excellents articles sur le Jazz et la radio) ou de Marianne, c’est ce sens aigu de la créativité linguistique ! On a le néologisme facile chez ce gens là ; le néologisme façon base line, comme en pub. Et ce matin là, Marianne me servait les convergences républicaines ! Ah les vaches ! Notes bien qu’il faut tout oser et qu’en plus ça passe. Convergence républicaine c’est le synonyme d’accord électoral de désistement mutuel. Ce n’est pas une maladie honteuse ; même pas une manœuvre. On s’arrange entre amis et quoi de plus naturel quand on est amis. Convergences républicaines ! Déjà c’est au pluriel donc on embauche et personne n’est en trop ; ensuite ça n’engage à rien et on ne converge qu’au nom des principes républicains. A ce tarif là, même Tatie Marine va pouvoir converger car le FN est bien entendu un parti républicain ; une république à droite, oui mon colon, mais une république quand même ! C’est là où le bât blesse le lecteur de Marianne et c’est là tout le comique de la chose !

Il y a une dernière chose que j’apprécie en gourmet : C’est le tropisme vichyste des canards du genre de Marianne. Tropisme vichyste ? Vous y allez un peu fort me direz-vous, surtout pour parler de la presse de gauche. Eh bien détrompe-toi et ouvre grands tes yeux de lecteur : Tu ne trouveras pas plus délateur qu’un canard de gauche ; c’est la lettre à la Kommandantur érigée en éthique professionnelle et j’en veux pour preuve le dernier bullet de Marianne consacré aux hauts fonctionnaires prétendument au service du Front National ; à cela, on dira d’abord que cette préférence politique ne regarde qu'eux et leur conscience, comme les magistrats ouvertement sympathisants du PS. Enfin on conclura que cette préférence politique de ces hauts fonctionnaires ne procède finalement que de l’équilibre démocratique : Cela ne fait que compenser les hauts fonctionnaires qui balancent au Canard enchaîné.

Couinininininininininininininininininininininininininininin!

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