jeudi 27 mai 2010

C'pays

La France est une notion, une entité tellement honteuse que seuls quelques égarés qui ont un béret dans le cortex utilisent encore ce mot : La France.
Par ailleurs j'imagine mal Mr Durand, planter un drapeau bleu blanc rouge dans la véranda de son pavillon "Sam Suffit" tel l'amerloque moyen ! Ce bon Durand aurait tôt fait de compter les voisins qui le saluent !

Jour après jour, les constructeurs d'opinions - les massmedia et leur servants- modèlent nos peurs, nos dégoûts, nos goûts ; un jour vient et un mot est devenu dangereux, désuet, vénéneux ; il est imprononçable. Il évoque avec force des concepts, des idées, des modes de vie dévalués, hors époque ; ceux-ci constituent une offense à notre morale et il nous faut trouver une étoffe verbale pour envelopper, le dissimuler afin de ne pas heurter notre regard ni suciter de jugement réprobateur . Qui parlerait de fille-mère, de cul-de-jatte, de manchot ? Le monde est beau, propre, parfait. Il n' y a plus de paralytiques mais des handicapés ; plus d'aveugles, mais des non-voyants ; plus de chômeurs mais des demandeurs d'emploi ; plus d'élèves, mais des apprenants. Et mieux, dans une entreprise j'ai entendu le mot "sachant". Des "sachants" comme des livreurs ou des comptables ! Plus d'insurgés non plus mais des jeunes en colère. C'pays, c'est le pays de la litote. En revanche, lorsqu'une personne, un fait social n'est pas conforme aux critères en vigueur, le mot pour le qualifier est nu, cru, violent même, dans l'acre expression de son sens ; ainsi en est-il des obèses, des fachistes (avec un H), des criminels de la route, des alcooliques, des fumeurs, des pollueurs, des machistes, des chasseurs...la liste est longue. 

Le mot France évoque tout ce qui déplaît à l'homme nouveau : La frontière, la blancheur, l'unité culturelle et ce face au mondialisme, au métissage, à l'intégration dans une entité supérieure ; selon le cas, l'entité supérieure est incarnée par l'Europe, la planète, l'humanité... Pour désigner les dépouilles de la France, ne reste qu'une onomatopée creuse : C'pays...c'pays. Comme en anglo-américain : This town, this nation ;  anglicismes. Curieuse époque du mondialisme triomphant (avec des haltères ou non) qui cultive le paradoxe avec délice : La valorisation des individualités les plus microscopiques -les ethnies- cotoie le désir d'appartenir à des entités gigantesques.

Mais, finalement, à quoi bon parler des absents ? Demain on cause de P.N.L : Promis.

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