vendredi 21 mai 2010

Dites-le avec des fleurs

Et allez donc, à chaque jour son message ! Pour tout vous dire, cher lecteur, on me presse -amis, alliés et relations- à coup de « fais donc ton blog » depuis des mois voire même des années. Pourquoi ? « Ainsi tu ne hurleras plus en lisant ton journal ou ton hebdo, en écoutant la radio ou en regardant la télé ». Ces gueux avançaient à découvert et ne plaidaient que pour leur tranquillité : la blogothérapie en somme ! Et ce, pour assurer le calme de leur vie ou de leurs soirées ! L’argument qui me servait à éluder tout cela reposait sur une évidence : il faut avoir quelque chose à dire… Or, il me semblait qu’assez vite les sujets ne peuvent aller que se tarissant et par le fait même, les contenus d'un blog souffrent rapidement du syndrome de la page blanche. Erreur ! Que non pas ! Les politiques et les medias français sont là pour nous fournir la matière ; « à chaque jour suffit sa peine » dit le paysan ; le politique ou le journaliste pourrait répondre : A chaque jour sa connerie. Aujourd’hui c’est « Bitru et les éconocroques ».


Comme il semble à peu près clair que l’état providence se doit d’évoluer vers autre chose et que les dépenses élyséennes qui prennent des allures africaines ne sont plus de saison, les médias, avec la complicité des politiques -ou le contraire- mettent en route des boîtes à idées pour conditionner le bon peuple. Hier, par exemple, l'actualité m'a servi toute chaude l'ânerie du jour (comme plat du jour, oeuf du jour...) : Le média est "Le Parisien libéré" (vraiment de tout) et les politiques sont Luc Chatel et Christine Lagarde. A une question bateau à 0.30 balles : « Mais que faites vous pour freiner les dépenses dans vos ministères ? » deux réponses de stratège tombent : A l’éducation nationale on remplace les fleurs fraîches par des fleurs artificielles tandis qu’aux finances on s’attache à couper la lumière des pièces que l’on quitte le soir. BRA-VO ! Des historiens boutonneux se gaussaient, à la fin des années soixante dix, des doctrines militaires dépassées qui avaient cours à la fin des années trente et notamment de celles du Maréchal Pétain (le couturier). Rappelons que pour neutraliser un tank, le Maréchal estimait que des fantassins armés de couvertures pouvaient rendre celui-ci aveugle en jetant ces dernières sur les meurtrières du char et par la suite, s’en emparer. J’imagine que les couvertures sont restées au Bon Marché car on connait la suite.




Pour ce qui nous concerne, j’imagine Christine Lagarde en maîtresse bourgeoise d’autrefois, clefs de la maison à la ceinture de la robe, surveillant non pas sa bonne mais ses collaborateurs de Bercy afin que ceux-ci ne fussent point dépensiers en lumière !!! : " Les temps changent Marie ; l’électricité est pratique, mais chère ; et les affaires de Monsieur…enfin…Je ne vais pas vous le dire dix fois ma fille : vous entrez dans une pièce obscure, vous allumez l’électricité, surtout si vous portez un objet fragile ; lorque vous quittez la pièce vous l’éteignez. Ce n’est pas sorcier que diable. Avez-vous compris ma fille ? Et ne laissez pas non plus brûler votre lampe ; votre ouvrage fait, mettez vous au lit et dormez". Chatel, ce serait le maître débonnaire : "Marie. Madame me fait vous dire que la rigueur des temps exige que chacun en tienne compte. Désormais vous n’achèterez plus de fleurs coupées ; Madame a vu dans la catalogue des Galeries Lafayette de magnifiques fleurs artificielles du meilleur effet ; voilà Marie, plus de fleurs coupées". Il serait simple de paraphraser ce cher Coluche, mais, tout de même...Quand on n'a que cela à dire...mais on ferme sa gueule. C'est comme si j'annonçais à ma femme que cette année, afin de tenir compte de notre future et énième baisse de revenus, nous ne commanderons plus de crêpes complètes pendant nos vacances d'été mais seulement des jambon-fromage ! Imaginez Alexandre le Grand se soucier de la couleur des cothurnes de ses soldats : "Pantone 345 les pompes ! pas 346 !". La dernière fois qu'on s'est occupés de détails de ce genre, c'est en France, en 1870 : "Pas un seul bouton de guêtre ne manque, Majesté" ; sans doute qu'on ne gagne pas les guerres avec des boutons, si l'on songe à la branlée reçue par les armées de Napoléon III. Bref, pour satisfaire le fonctionnaire-cancrelat de base, on fait des économies de bouts de chandelle et c'est vraiment le cas de le dire si l'on songe au réflexe interrupteur de M'ame Lagarde. Dormez tranquilles, agents publics ; ce n'est pas sur votre nombre pléthorique ni sur le mode de calcul inique de vos retraites que l'état économisera ; non, c'est sur les fleurs et les ampoules ! C'est d'ailleurs assez comique de penser que l'on prétende vouloir économiser sur les lumières dans la fonction publique ! Des lumières ! Ils en ont donc tant que cela ?
 Quelle tristesse d'entendre une pointe (je ne charrie pas) comme Kiki Lagarde déglutir une telle bouillie ! J'ai quand même idée qu'elle même en a eu honte. Quoique...en entrant en politique, elle devait bien savoir que le sérieux qui s'impose à un cabinet international d'avocats n'a plus cours. A mon niveau beaucoup-beaucoup-beaucoup plus modeste, cela évoque les entretiens individuels de fin d'exercice au cours desquels je racontais tout et n'importe quoi, des lieux communs les plus éculés aux mensonges les plus éhontés. Je me souviens de la fébrilité teintée d'inquiétude et de morgue qui saisissait les personnes que je devais rencontrer : "Alors chef, toi qui est au courant...côté salaire, il va se passer des choses". Ah, ben ça oui ; il allait s'en passer des choses. Rien. Sauf pour des homologues ou des supérieurs qui se servaient la soupe en premier. Déjà, lorsque ça arrivait à moi il fallait incliner l'assiette ; alors pensez, pour les pauvres diables que je prétendais manager ! "On va en parler pendant notre entretien d'évaluation ; saches déjà que cette année les résultats ne sont pas fameux, notre marge nette a encore baissé. Sans compter qu'il faudra se tenir heureux de ne pas avoir de casse au niveau des effectifs. Tiens puisque tu m'en parles on va fixer le jour de notre entretien d'éval". Allez zou ! Je n'étais pas fier, je vous l'assure de servir ça à quelqu'un qui devait être à fond de partie variable à 1500 € par mois ! Le meilleur était à venir pendant l'évaluation. Mon enveloppe devait représenter 20 € par mois ! Alors, fallait il diviser la somme entre mes pauvres diables ou tout donner à un seul ? Heureusement aujourd'hui, je ne manage que moi ce qui simplifie les choses et allège mon esprit de toutes ces questions existentielles.


J'imagine que ma Kiki Lagarde avait consigne de ne rien dire de consistant et comme il fallait bien répondre quelque chose, bah, pourquoi ne pas parler des interrupteurs. C'est certainement aussi con mais plus adroit que de conseiller aux Français qui trouvent le gazole trop cher, d'aller au boulot à vélo (si, si elle a dit ça ma Kiki). Mais je la pardonne. Elle me fait irrésistiblement penser à un directeur (féminin) de division que j'aimais bien et qui me le rendait également : Du charme, du chic, du chien et surtout de l'esprit. Je l'aime bien ma Kiki Lagarde.




Comme je ne peux pas finir sur un air de tendresse, revenons à l'Education Nationale. J'ai une idée, parmi d'autres encore plus saignantes, pour y faire des économies : Virer à grands coups de lattes dans le train les comiques qui attendent sans rien faire un poste à leur convenance. Oui ; ils sont 70000 à attendre. 70000 à avoir refusé un poste et à attendre ! 70000 c'est deux fois la population d'une agglomération comme Soissons...

1 commentaire:

  1. Y'a pas comme un goût de pomme?
    Je me régale, j'attends déjà avec impatiente la suite car il est vrai que la source est intarissable et le style est élégant.

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